(Ton écriture de nage indienne
tatouée large sur le flanc
parle la source où tu remontes)
Tant de clarté sans bord
-que le duvet sonore des oiseaux
est
pareil à la nuit
Aux épicentres mouvants de la nuit -racine
et ligature par calandrage dans ses gorges
de nos souffles
Nos corps sont des matins -à l'ancre- les sables
où ils s'échouent les éclairaient de l'intérieur
à marée haute
Rouille et lumière soudent
les anneaux échancrés de leurs chaînes
raidies dangereusement dans les ressacs
Sphères saturées
de pépiements les frondaisons
de non-surgissements les crânes
A l'unisson des ailes
une rumeur de feuilles
après l'envol s'enterre
Nous abandonne courbés
vers les parois de failles
remontantes
Lampe soufflée du vent par la lumière
une traînée de suif
au bas
La pluie sépare
la nuit du jour
vaincu
Les becs vont rebroussant
la cuticule des confins
vers ce qui bat sans démesure
Nous partageons aussi
les fruits dénoyautés
d'une parole recrachée
Les mots recouvrent
des réalités
hors-d'eau
Ceux du poème
épauloir des lichens
soulèvent les ardoises
D'invisibles nuages
plus larges que le ciel
gouvernent
-Génuflexions comptées du souffle mises à partfont
corps
avec
Flagrant ce qui délie
le filament
des cardes
L'équilibre un instant tenu sur la mer
vacille
le vase antique des lumières matinales
Elles flottent pour ainsi dire elles gisent
diaphanes et durcies
comme des cornes détachées
Comme un milliard de cornes
que le clapot
ballote
Agréant des galets la courbe
où le vent s'arrondit
cille l'herbe des dunes
A l'étape de sa route vibrionnante
la migration de l'air
s'apaise aux pierres de mon pays
Busard cendré du plein vol
fendu par l'écho
de son cri sur la roche
L'éclair fut vif
d'être porté par la lenteur
des dépressions
L'arbre foudroie
l'orage
via la racine des cycles
Où la rétine se souvient
du balancement nerveux du soleil
entre les feuilles
Quand l'amont déjanté des épaules filantes
soulevait le chenal
cordé des balançoires
L'odyssée de l'espace
c'était les phares des moissonneuses
derrière le gouffre des collines
Les galeries du ciel la pourriture des pommes
ne devaient qu'au lombric
de creuser aux travers
Le rideau des genêts
fléchissait au plus insignifiant
passage des musaraignes
Aujourd'hui je ne sais plus le nom
des engins agricoles
qui font trembler la route devant la maison
En zone péri-urbaine
la taille des exploitations
dilate les outils
Les connaître pourtant c'est savoir la saison
et la fonction des soirs
où ils s'allument
Sauver le monde consiste
à ne pas le laisser
me dévorer
Cercles le corps du texte le corps du christ
concentriques en l'amande ogivale -pierre
à ricochets
S'efface le contour des sentes l'ombre
gèle sous les souches des noisetiers
s'enfouissent les chemins creux dans le ciel
Brouillards de pixels démaillent la laine
en lambeau sur la pierre des murets
retranchent les voix noircies de la neige
Je chante une rivière au bout d'un feu
tordu comme un bâton de coudrier
sur le cadran verdi des salamandres
Plus rien ne bouge tout grouille
remonte à la surface d'un monde
qu'on croyait immuable
« Dévider son ombre »
aux assauts du vide
la riposte de l'aile
Ici et maintenant
ne sont jamais
ici et maintenant
Ici d'ailleurs
le vent éclaire
ce que la lumière penche
Étoilements de suies dans mon cendrier d'huître
en zone de transfuge
des capillarités
A rabattre fumées
sur le goudron des bâches
la pluie
Tâtonnements enfouis
sous un tranchant de paume
ce qui vient sans parole
a se cherche une table à faire nasse de miettes
histoire de ramener
la main sur le plexus
Ou serait-ce ma voix
qui me revient de plus au nord où je l'avais
laissée pour morte ce vent qui bave sur les rails ?
De l'épaisseur d'une ardoise
enfoncée de travers dans la terre
le solin dézingué des bourrasques
Dans la barrière en ciment
s'enfonce
le premier chant du coq
L'ombre bleue -dehors- de la neige
tapisse de limules le papier-peint des rêves
à déchirer
Sous la mâchoire desserrée des dormeurs
la molaire éclatée
du nuage nocturne
Et par des mains ouvertes à fermer les congères
il nous plisse du jour
aux quatre coins du drap
La pulsation du bleu
culmine
dans les noeuds du réseau des bourgeons
Loin la déflagration des fleurs
loin l'ultime tressaillement
des pilotis du ciel à contre-tige
Fossilisée l'empreinte
en creux de nos humus
craquelle dans des boues lyophilisables
La forêt des éclairs
aucune trace de son pas
dans la clairière
***