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Les jardins de clarté, Éditions du CYGNE /mars 2019 / 58 pages / 10 Euros.
Dès l'ouverture de ce joli recueil, on est saisi par la beauté simple et dépouillée du verbe de Roger Gonnet ... On réalise aussi qu'elle n'est pas trafiquée : elle prend source en la douceur du regard porté sur le monde, sur les choses, mais un regard lucide tout de même, qui s'accompagne souvent d'un soliloque comme pour convoquer et réactualiser un passé trop tôt révolu : "tu passais comme un oiseau", (...) "Tes chemins étaient des chemins de sous-bois" (...) "Tu rêvais / les livres sur les draps / les genoux repliés" (...) " Tu avais des soifs d'herbe / des envies de rosée" (...) "Tu maniais le langage sur / l'acier de la langue" (...) "Tu ne saisissais rien de l'immensité du monde"... etc.
Les images qui émanent de ces courts poèmes me font penser, je ne sais pourquoi, à des tableaux impressionnistes : plein air, lumière, eau, rivages, mer qui respire, "le paysage sidéré"... Ainsi ce poème pour illustrer :
Un souffle déshabillait
Le ciel plus bleu où tu trempais les yeux
les façades plus blanches
La sécheresse avait la beauté du désert
L'été s'accrochait aux courbes de la nudité
Le temps s'arrêtait au bord de l'ombre
(p. 31)
Ou bien encore celui-ci :
Un charroi de nuages
Les maisons avaient beau ouvrir leurs fenêtres
Les gris dessinaient des lieux jamais vus
L'air avait un goût de marée
La plage n'attendait rien de la lumière
(p. 51)
Roger Gonnet a déjà publié quarante-sept titres ... Il serait utile qu'un éditeur averti et courageux envisage la publication d'une anthologie personnelle de ce poète, pour que les lecteurs puissent mieux découvrir son univers poétique... Trop de fragmentations nuisent aux auteurs ! Ceci dit, ce petit recueil est remarquable... Je le conseille vivement !
André Campos Rodriguez.
