ma terre revenue
à la terre
dort
la parturiente
sous les ronces
et la tombe
effondrée
elle appelle
le sang versé
la victime
et l'assassin
bat nous unit
s'ouvre le nid
des entrailles
ses ténèbres
bienfaisantes
sa blancheur
immaculée
un soir de mai
sur la colline
et ce bout de prè
entouré de
hauts arbres
et je suis là
comme au fond
d'un puits
et je m'étends
plonge le visage
dans l'herbe
odorante
et ta terre
afflue
se presse
vers moi
halète
le pieu
percute
le sillon
mes lèvres asséchées
fendillées
ta blessure ointe
par l'écoulement
de tes sucs ta sève
livrant passage
vers l'en deça
le commencement
d'avant les
commencements
la sève d'avant
la sève
vers tout un fouillis
de racines où
frémit déjà
la liberté des feuilles
mes lèvres asséchées
fendillées
mes lèvres
mugissent
entre les parois
du mousseux
du frémissant
ravin
les mains les lèvres
parcourues par un même sang
et le coutre en hâte
dans la béante
nuit maternelle
et les hautes et les puissantes
lames qui se lèvent
mugisssent précipitent
leur cadence grondent
frappent se font
furieuses
puis une mer étale
et l'ineffable paix
dans le ruissellement
de la source
saines mélancolies
d'automne
quand la vie blessée
se recueille
que se lèvent en toi
d'autres brumes
mais tu ne peux oublier
ces claires journées
de printemps et d'été
le souvenir que tu en gardes
qu'il te prête un peu
de sa lumière
quand reviendra
la ténèbre
parce que tu as vécu
la grande aventure
tu as su cheminer
jusqu'à mon centre
et demeurant là
éveillée ardente
tu avives ce qui me brûle
fais grandir la flamme
nous maintiens
dans sa lumière
à suivre....
éditions P.O.L ; décembre 1997.