Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

 

A l'enseigne de L'Ardent Pays, un choix de poèmes 1985-2015. Autant dire une œuvre complète ! André Campos Rodriguez a publié deux fois en Polder d'une façon très écartée (n° 30 et 90) et reprenant le second "Pour désigner la cendre", il me le dédie, et comme il fait de même avec ses autres éditeurs, je m'aperçois que nous sommes avec Robert Dadillon d'Éditinter les seuls survivants, alors qu'Antonello Palumbo d'Horizon Vertical, Jean Le Mauve de l'Arbre et Jean Dauby des Cahiers Froissart ont disparu. Le lire ainsi provoque d'abord un retour en arrière dans le temps et au cœur de sa poésie. Il reste chez lui une dimension générique qui le caractérise : La nuit, la neige, un arbre, / le silence, rien ne les sépare / rien ne les altère. Le mot fait bloc de sens, et il en émane une force étonnante. Ainsi quand l'auteur parle d'un arbre, de l'arbre, il ne qualifie pas, (une fois le peuplier, il est vrai). Il y a les poètes qui vont détailler : le frêne, le noisetier, l'érable... et ceux, comme lui, qui confèrent au mot et à la chose une valeur absolue. Vois / l'amour de l'arbre / pour l'oiseau.  De même, la nuit : Ne redoute que l'insidieuse trahison / de l'aube. Et quelque fois, ces mots souverains se combinent : la nuit, / un arbre l'ouvre tout doucement. Beaucoup de notions possédant la même amplitude, structurent ainsi l'univers poétique d'André Campos Rodriguez. En outre, une image récurrente traverse le livre, celle du passage : atteindre l'autre rive, le bord inaccessible. Les mythes se mélangent aux légendes et imprègnent sa poésie d'une coloration sacrée ou métaphysique : il n'y a ni commencement / ni fin, l'univers est un cercle / et nous sommes un point. Les années s'écoulant, sa poésie a évolué vers quelque chose de moins global, ainsi un ensemble sur les océans, ou encore un autre sur la montagne, où les éléments deviennent plus concrets en quelque sorte, la dernière partie du recueil ("Dans la confiance du jour"), après avoir longtemps utilisé infinitifs et impératifs, vois même apparaître le tutoiement destiné à la personne aimée. Je ne rêve que de poèmes / qui expriment / la bouillonnante effusion / de la vie.  Il y a bien là un parcours poétique, lyrique mineur, avec ses lignes de force et ses changements. On peut refermer le livre, en serrant fort toute la poésie d'un homme.

 

214 pages, papier 100% écologique, à commander en ligne à le.livre.en.papier.com pour 20 euros ou à partir de la page Face-Book de l'auteur.

publier-un-livre.com_308-pour-que-s-eleve-ce-qui-n-a-pas-de-nom

 

 

 

article paru dans la Revue de poésie Décharge  n°173, Mars 2017.

Jacques Morin, éditeur.

Tag(s) : #Article
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :