I
Très peu de mots.
Le silence des arbres,
le mot
branche, feuilles
n'est
plus un mot.
Plus haut,
les fortes brûlures d'un blanc
dans la brume
du ciel.
Nous - pénétrés de l'air
qui bouge...
Assaillis par un calme
sans partage.
La tendresse
d'un temps de ciel venant
jusqu'ici...
La tête, mourir aussi bien que chuter.
Et sur la page cela qui sonne
comme fleurs
ou syllabes...
L' à-vif
d'une sanction qui nous laisse
hébétés.
Ici, le vide
est couleur ciel - dans la tête
le vide
frémit comme le ciel.
Nul cri,
pas même un chant...
Et soudain, au cœur du poème
qui se plie
au blancement du vent,
un cri
se fait musique.
De tout le haut, de tout
le bas
lumière et pierres qui transparaissent.
Et nous, dans la violence
du calme :
comme songe et branches parmi le vide...
Le balbutiement des mots
vient
se perdre entre douleur et indouleur.
(...)
Mourir :
extase et solitude - avec au cœur
la flamme
de l'impossible.
Chaque jour,
la tentation de l'impossible
est
sur mes lèvres et dans les mots
qui refusent
de se laisser conduire.
Rire.
Ou pleurer.
Au plus fort du jour anéantir le mensonge
des arrières-ciels.
Non, de toute ma hargne,
à l'âpre lumière
de la nuit qui monte en moi.
La turbulence du ciel façonne le temps :
les joies de jadis,
la mémoire les malmène et la folie
de l'heure
qu'elle reverse au compte
du rien.
Le jour
pénètre toute douleur jusqu'à sa racine.
Au jour du poème,
les mots
- comme charriés en vue d'une terre
première
et dernière, ébauchent un néant
de terre natale.
Extrait du livre de poème Par-Delà vents et rien / editions LE TEMPS QU'IL FAIT 1987