Tout est un peu plus haut. J'ai grandi d'un jour neuf. Il m'a suffi d'étendre la main, large et profonde, comme une vallée suspendue
sauvées des terres ensevelies
pour déplier le ciel, briser le givre, redresser la montagne
que la nuit semble avoir déplacée.
Une neige sans bruit a bu la pesanteur. Les choses reposent au matin, légères dans un silence de verre où le cœur un moment
a cessé de battre...
Suspendu à un souffle d'azur, et retenant une plainte sur le point d'échapper,
dans les airs bleus et cassants, j'assiste à la dérive lente des contours anciens
la courbe des mondes, le profil fuyant des continents
les cimes comme des brisants, lointain d'écume
d'un centre disparu... Chaque figure
chaque menu trait dans son écrin de glace
couronne scintillante, comme un premier visage
ou un ultime regard.
*
Rameaux enchevêtrés - longs fils de lumière -
balançant en gerbes hautes dans les airs froids
où fleurit le ventre jaune de la mésange
et gonfle le fruit luisant de l'heure immobile
gorgée de ciel nu - piquante, comme gelée au bout de sa tige...
Souffle habillé de givre,
l'après-midi ébloui, transi, ravi
sur un bouquet d'arbres argentés
où chante un oiseau pour le ciel immense
et vide.