Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Philippe Mac Leod
   Non point ce qui gémit à la faveur de tes propres fièvres, ou parmi les ombres froides, sous la lourde chape de ton crâne, ni même les œuvres consciencieusement accomplies que tu pourras compter avec fierté à la fin d'un jour.
   Tu dis : la vie. Ce que peut-être tu apprendras à deviner, sentir, reconnaître au plus haut du ciel comme au plus profond de toi-même, de l'immensité du monde à l'infime palpitation ainsi qu'une seule onde s'étendant.
   Cette troublante proximité, si familière qu'elle en devient étrangère, tellement toi-même et  douloureusement  inaccessi-
ble, fuyante, insaisissable, ce rien, ce tout qui te bouleverse, cette plénitude sans contour ni contenu - ce point d'intensité.
   La vie - seulement la vie - quand on a tout oublié, tout perdu, un océan au bord des lèvres, et fine, aiguë comme la pointe d'une flèche au cœur noyé de larmes. D'une joie muette, rayonnant immensément.
 
   Silence ou tout est dit - tout accompli - où il n'est plus besoin de se retourner. Silence où tout commence enfin, où quelque chose va naître - qui était là déjà, et n'aura d'autre nom que la vie donnée - la vie rendue - éclose infiniment.
 
   Tout l'espace contenu dans un arbre. Tous les vents dans un seul silence. La prière commence quand tout s'ouvre et se ferme dans le même temps. L'instant débordé - percé de part en part. Tout l'espace dans une âme. Sans agir et l'élancement de tout agir. Le souffle premier - le temps d'avant le temps. L'œil des commencements. L'éternel d'une échappée. L'amour - qui ne se communique que par débordement.
 
 
***
 
Chapitre : Terres du Silence
 
in  "Variations sur le silence"
 
- éditions Ad Solem / Poésie
Décembre 2018, 14,5 E.
 
 
 
 
 
Tag(s) : #Poésie
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :