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L’image contient peut-être : 1 personne, sourit, lunettes et gros plan

 

 

 

Où irai-je s’il faut ployer ?
Droit vers un rêve de collines où chaque pas s’empoussière
Passé le cœur des forêts où les rouvres se taisent
Les nœuds de leurs racines habillés de fourmis
Passé le seuil frappé de prières sourdes
Ces narthex à mi-chemin des mondes
Viendront les pierres hautes et les toits de granit
Viendront
Depuis l’enfance intacte au cœur d’un ciel de pluie
La chapelle posée
La mer en dessous d’elle
Je me souviens les bateaux de bois déposés, ces vaisseaux minuscules
Parés de ferveur
Ex-voto si fragiles aux voiles toutes usées
Je suis là verticale
Au-dessus de l’écume
À prendre sur les joues la trace, un peu de sable, l’empreinte
L’avenir est moqueur, le passé à l’affût
Venez ici, frères d’horizon
Marins dont les noms se terrent
 

Silences accumulés sur des croix au long cours
Regardant droit la mer
Il viendra bien un jour
Où mon silence jumeau
Embrassera le vôtre
Les mouettes alors couperont le ciel
Avec leur cri de voilure
Je jetterai mon millième caillou dans l’eau
J’aurai dix ans
Enfin sans chaussures.
Où irai-je
Si ce n’est vers cet ici
Qui m’appartient.

 

 

                                    ***

 

 

Saison sans ombre

 

Tu es posée, nous te voyons.

Ton sable est tiède sous nos pieds.

Les vagues sont amies, le vent s’est éloigné.

Comme à nos cœurs couchés la vie est plus légère !

 

Des oiseaux tournent et leur cri se déploie, il est gai sous le ciel.

Il y a en toi une sorte d’appel.

L’enfance dort ici, vivace, intouchée.

L’air qu’on touche presque est celui d’un envol.

 

Tu es posée, nous te voyons.

Le sommeil avance sans rêve, presqu’ heureux.

Quelque chose comble les déchirures, efface les larmes des visages.

Pose une à une les pierres descellées, répare.

Peut-être est-ce l’oubli ? Peut-être non.

L’envol.

Le poids ôté des choses lourdes, l’absence enfin acceptée.

Un « oui » dans le silence.

 

Il faudrait un ciel à jamais dépavé d’orages

Une saison sans ombres

Un chant traversier

Il faudrait la vie nue sur la beauté des choses

Des pas au bord d’un rivage

Effacés d’une caresse, l’écume d’un oubli

La disparition souriante

Seulement celle de l’empreinte.

Pas du petit qui marchait là.

 

Vienne ce temps, viens-t ’en, toi.

 

 

                                                ***

 

 

Je veux que tu ressembles à une forêt peuplée de rêves d’arbres. De fûts dressés comme des appels, avec des nuages au couchant.

Une forêt que les chemins griffent où le vent roule des cailloux, et ils rendent en heurtant la mousse un bruit de gifle mate comme quand ils tombent dans l’eau.

Une forêt hantée de voix d’arbres, ces voix de silences gisants lorsque tremblent à certaines aubes tous les silences du vivant.

Que tu sois tissée de ce chant me siérait, ma douce. Mais le seras-tu, en ton temps ?

Une forêt de soleils mêlés, déchirés en mille parcelles à la découpure des feuilles, juste parce que l’été coule en bel immobile ses parfums têtus de chaleur.

Une forêt de jade et de plomb, si ancienne qu’au moindre pas les branches ondulent et vous caressent, sûres de savoir le nom du passant qui lui, ne connaîtra rien d’elles.

Sauf qu’elles l’attendent depuis le premier cri du monde.

Une forêt de foudre et d’argent, la mémoire sillonnée de regards, ces yeux des arbres, tu sais ?  Les seuls que tu ne peux pas fermer.

Une forêt au-delà des cimes pour que les rêves d’arbres, les voix d’arbres, les regards d’arbres, les soleils d’arbres se fondent en un seul trille qui viendra fêler les nuages, à contre-ciel.

Que tu sois filée de ces voiles m’allègerait, ma belle étoile.

Le seras-tu, en ton temps ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Poésie
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