De plus en plus tôt tu t'éveilles,
l'hiver, ce n'est que hors de toi que s'achève l'hiver.
Tu t'es servi de la parole afin de t'ajouter,
tu t'entêtes, tu retiens l'écoute. Avant
les premières lueurs, avant les premiers chants de merles,
tu ne serais que prévenance, tu accompagnerais
le long des murs que tu prétends rigides
la progression illimitée du lierre :
le sens réconcilie la mémoire, l'inconnu,
qui s'en exhale, il te réconcilie,
tu n'as pour patrie que l'oreille.
C'est toujours autrefois qu'il neige,
le monde est toujours en accord, en gloire,
dans les années intimes. Tu leur étais loyal
en acceptant les images qui s'offrent
des crêtes, des dunes, tellement plus que des images :
on ne gravit aucun seuil pour le vaincre,
on en retire une conscience émerveillée.
Entre le lit et la fenêtre, vérifie-le quand tu hésites
à te lever, survient une aube fastueuse
comme si tombait la neige à nouveau,
elle s'enrichira de ta peur de la perdre.
Aucune mort n'est venue d'un poème, il progresse,
tu le suis. De lui tu n'auras rien à craindre.
Maintenant commme à l'aube, l'air qui l'aimante,
qui en émane, sera ton vrai visage,
tu diras "nous" après le vers ultime :
la marche à travers les jardins ou l'estuaire
communique l'éveil intarissable
avec les vents pour que les vents redoublent.
Poèmes extraits de Levées d'empreintes / Arfuyen 2008